Alpine A610

Plateforme :

Évolution de celle de la GTA dont est également repris la cellule centrale

Designer :

Berex (Bureau de Recherches et d’Etudes Exploratoires, filiale de Renault)

D’un côté, Renault affiche depuis la fin des années 1980 une volonté de faire d’Alpine une marque à part entière avec une attention particulière apportée au service client. Mais de l’autre, le constructeur au losange n’attribue guère de moyens à sa filiale, une incohérence qui traduit peut-être une attitude hypocrite ou bien un manque de confiance dans le potentiel d’Alpine. Renault tergiverse longuement pour donner son feu vert au développement d’une Alpine inédite bien que de nombreuses études montrent que la motivation interne existe pour faire aboutir une telle auto.

Au final, Alpine dévoile en mars 1991 au salon de Genève l’A610 qui n’apparaît comme étant qu’une profonde refonte de la GTA, seule possibilité compte tenu du budget limité alloué à Alpine par Renault. L’A610 bénéficie des travaux réalisés pour la version nord-américaine de la GTA, jamais commercialisée, en disposant d’une structure nettement renforcée. La carrosserie subit aussi de nombreuses modifications avec de nouveaux boucliers avant et arrière, des ailes avant et arrière inédites, tout comme le becquet arrière prévu pour intégrer un troisième feu stop central. Un nouveau moteur V6 3.0 turbo, revu par le Berex, prend place à l’arrière, tandis que les ingénieurs ont également beaucoup travaillé sur la répartition des masses et sur les trains roulants. Ainsi, de nombreux éléments ont pris place dans la partie avant de l’auto ce qui condamne le petit coffre existant sur la GTA. Ces évolutions permettent à l’A610 de corriger le plus gros défaut de la GTA à savoir un comportement routier délicat. À l’intérieur, la planche de bord reste basée sur celle de la GTA mais avec de multiples améliorations et une meilleure finition. Au-delà des performances et des aptitudes routières de l’A610, Alpine met aussi en avant le confort de la voiture et notamment son insonorisation ce qui peut sembler quelque peu paradoxal sur une voiture sportive.

Ces efforts restent cependant insuffisants pour que les ventes d’Alpine redécollent en raison du déficit d’image de l’A610 par rapport au prix demandé, qui se situe entre celui d’une Porsche 944, puis 968, et celui d’une 911 ! Les ventes de l’Alpine A610 n’ont donc jamais atteint l’objectif fixé et la production des trois dernières années de la carrière du modèle devient vraiment confidentielle avec moins de 50 voitures fabriqués par an entre 1993 et 1995. L’A610 disparaît à la fin du printemps 1995 et avec elle la marque Alpine pour plus de 20 ans.

Lieu de production : France, Dieppe
Chiffres de production : 818 exemplaires dont deux « Olympique 92 », trente et une « Magny-Cours » et soixante-sept versions à conduite à droite

• Phares escamotables
• Prises d’air à l’avant des ailes arrière
• Pas de toit ouvrant disponible
• Essuie-glaces opposés et non parallèles et rétroviseurs extérieurs repris de la GTA sur les versions à conduite à droite qui disposent aussi d’un A fléché à la place de l’inscription « Alpine » sur le panneau entre les feux arrière en raison d’un problème de droits attachés à la marque Alpine au Royaume-Uni

En octobre 1992, le journaliste Dominique Pascal organisa le raid liberté reliant Paris à Saint-Pétersbourg en Russie au travers d’un parcours écrivant le mot liberté. Alpine soutint ce projet en fournissant une A610 préparée et spécialement décorée pour l’occasion.

Une Alpine A610 fut engagée par l’écurie Legeay dans plusieurs courses d’endurance, dont les 24 Heures du Mans, en 1994 et 1995, ainsi que dans le championnat GT-BPR en 1995 et 1996.

Plusieurs études ont été réalisées sur base de l’Alpine A610 dans le but de développer les ventes du modèle. Mais la faiblesse des ventes du coupé standard n’incita pas la direction à franchir le pas de la série pour ces variantes. En premier lieu, une version Evo fut envisagée avec un moteur développant une puissance comprise entre 270 et 280 ch, des ailes élargies, un aileron additionnel provenant de la Renault 19, des amortisseurs pilotés Koni et une climatisation automatique. Ensuite, Alpine projeta de réaliser des voitures personnalisées sur le modèle du département Porsche Exclusive ce qui donna lieu à la création de deux A610 Haute Couture avec des teintes extérieures et intérieures originales, des inserts en bois sur la planche de bord et la console et un volant de Clio Williams. Enfin, plusieurs études de Targa avec toit amovible furent accomplies tout comme la conception d’un prototype roulant de cabriolet.