Renault Fuego

Plateforme :

Partagée avec la Renault 18 dont la plate-forme n’est qu’une évolution de celle de la Renault 12

Designer :

Centre de style Renault dirigé par Robert Opron

Toujours désireux d’offrir une gamme la plus complète possible, la Régie Renault entreprend de créer un coupé dérivé de la 18 pour succéder au couple 15 et 17. La Fuego arrive sur le marché quelques mois après l’arrêt de la production des 15 et 17 qui ne séduisaient plus grand monde. Avec la Fuego, Renault rompt une tradition remontant à 1961 en utilisant un nom et non un chiffre pour désigner son nouveau modèle, Fuego signifiant feu en espagnol, une évocation annonciatrice d’un caractère bien trempé. Sous une carrosserie aérodynamique, au style réussi, qui se distingue par une bande striée au niveau de la ceinture de caisse, un hayon à bulle vitrée, des boucliers intégrés, de larges surfaces vitrées avec des portes conservant toutefois leur encadrement de vitre, la Fuego cache une base plutôt ancienne. Mise à part le déport négatif ajouté au train avant, la plate-forme est partagée avec la 18, c’est-à-dire qu’elle dérive étroitement de celle de la 12 et donc de celle des coupés précédents 15 et 17. La conception reste plutôt moderne en recourant à la traction avant malgré la présence d’un essieu arrière rigide et avec, toutefois, quelques reculs par rapport à la Renault 17. Ainsi la Fuego ne bénéficie pas de moteurs alimentés par injection électronique, excepté pour les versions US avec catalyseur, ni de freins arrière à disques, qui n’apparaissent que tardivement sur la Turbo européenne et les versions GTA argentines.

Contrairement à ce que son patronyme suggère, la Fuego n’est pas une sportive mais plutôt une bonne routière. C’est un coupé confortable et fonctionnel avec de nombreux espaces de rangement et un coffre facile d’accès bien que peu volumineux, un défaut compensé en partie par la présence de dossiers de banquette arrière rabattables. Renault offre trois niveaux d’équipement : base (TL), intermédiaire (GTL, GTS et TX) et haut de gamme (GTX, Turbo Diesel et Turbo). La Fuego vise bien sûr le marché français mais aussi l’exportation et en particulier l’Allemagne et le Royaume-Uni, deux pays amateurs de coupés, où il attaque frontalement les Ford Capri, Opel Manta ainsi que de nombreux coupés japonais tels les Honda Prelude, Nissan Silvia et Toyota Celica. En Amérique du Nord et en Amérique du Sud, la Fuego chapeaute la gamme Renault, un positionnement haut de gamme également adopté en Espagne où la seule version disponible dans ce pays est la GTX (la Fuego n’ayant pas été produite en Espagne y a été importée et a ainsi supportée des taxes plus élevées).

En 1982, Renault réalise un coup marketing avec la version Turbo Diesel qui est donc le premier coupé vendu en Europe avec une motorisation diesel. La Fuego Turbo Diesel ne rencontre cependant guère le succès étant trop en avance sur son temps et surtout bien plus chère que sa principale concurrente : la Fuego GTX, aussi bien équipée, plus performante et à la consommation maîtrisée bien que plus élevée que celle de la Turbo Diesel.

La carrière de la Fuego démarre sur les chapeaux de roues avec un record de production établi pendant l’année de lancement, en 1980, avec plus de 75 000 unités produites. Ce chiffre bat le record de production annuel du duo précédent, les 15 et 17, atteint en 1973 et qui était d’un peu plus de 72 000 exemplaires. Malgré de nombreuses petites améliorations, la Fuego se démode très vite et ses ventes s’effondrent en raison de la concurrence des GTI. Le public se désintéresse alors des coupés, plus chers et moins pratiques, que ces berlines compactes et performantes à la présentation flatteuse. La Fuego s’éclipse ainsi des marchés européens et nord-américaines après une carrière honorable mais éphémère en 1985. Le coupé Renault fait néanmoins de la résistance en Argentine – où il est assemblé depuis 1982 – jusqu’en 1992. Aux antipodes, la Fuego bénéficie d’une image flatteuse, soutenue par la compétition, tout en étant perçue comme l’héritière de la feue IKA-Renault Torino, une voiture symbole de l’industrie automobile argentine qui fait la fierté des argentins.

Lieu de production : France, Maubeuge et Argentine, Santa Isabel
Chiffres de production : 265 367 exemplaires dont 245 415 en France (226 583 versions européennes et 18 832 versions US) et 19 952 en Argentine

• Toit découvrable en toile à commande électrique disponible
• Toit vinyle disponible jusqu’en juillet 1983 (une option destinée principalement au marché britannique mais disponible aussi dans les autres pays européens)
• Bouclier avant avec spoiler intégré et becquet arrière à la base du hayon
• Versions US : pare-chocs de sécurité, phares encastrés, feux de position latéraux, bas de caisse de couleur anthracite, filets décoratifs sur les flancs et inscription « Fuego » sur les ailes avant
• Répétiteurs latéraux de clignotants en forme de losange en Italie
• Inscriptions « Turbo » sur les bas de caisse et au bas de la lunette arrière sur la version Turbo en Europe
• Inscription « Turbo » sur les bas de caisse de la version Turbo nord-américaine à partir de septembre 1983
• Bossage central sur le capot de la Turbo Diesel, noir puis peint à partir de juillet 1983
• Inscription « Turbo Diesel » au bas de la lunette arrière sur la version Turbo Diesel
• Sigle sur la calandre : « Turbo » sur les versions turbo essence européennes et nord-américaines et « Turbo-D » sur la version turbo diesel
• Pare-chocs spécifiques sur la GTX produite en Argentine à partir de juillet 1982
• Aileron arrière sur GTA et GTA Max
• GTA Max : 3^e feu stop central ; double sortie d’échappement

La Fuego est le premier coupé diesel vendu en Europe à partir d’octobre 1982. En outre, la Fuego a inauguré plusieurs équipements : l’essuie-glace à pantographe côté conducteur, une innovation reprise sur les Renault 20 et 30 à partir de juillet 1980 ; le verrouillage centralisé par télécommande à partir de juillet 1981 en première mondiale sur une voiture de série ; la jauge à huile au tableau de bord et le volant réglable en hauteur, une première chez Renault et parmi les constructeurs français.

Officiellement la Fuego n’a jamais été prévue pour être engagée en course, toutefois la voiture séduisit quelques pilotes privés qui participèrent à des compétitions variées : Championnat de France des voitures de production entre 1981 et 1983, Rallye Paris-Dakar en 1983 et 1984 – carrosserie de Fuego montée sur la base d’un break Renault 18 4×4 –, Championnat des voitures de tourisme aux États-Unis en 1983, ainsi que dans divers rallyes régionaux en France et en Europe.

En Argentine, il en fut autrement. Pour promouvoir la marque sur le marché local, la Fuego fut engagée dans le Championnat argentin de voitures de tourisme TC 2000 qu’elle remporta pendant huit années consécutives de 1986 à 1993 en totalisant 68 victoires.

Heuliez réalise en 1982 un prototype de Fuego cabriolet basé sur une Turbo nord-américaine et équipé d’un capot de coffre conventionnel, de quatre vitres électriques, d’un intérieur garni de cuir et d’une capote à déverrouillage manuel et commande électrique. Cette étude, exposée en octobre 1982 au salon de Paris, reste sans suite commerciale, Renault préférant sans doute concentrer ses efforts sur le cabriolet Alliance, dérivé de la Renault 9 et lancé fin 1984 sur le marché nord-américain.