Souvent ignorées, parfois malaimées, les berlines recèlent pourtant des versions intéressantes. En voici trois que nous allons confronter : une 190E 2.6 (W201) de 1987, une C280 (W202) de 1995 et une C320 (W203) de 2002. Outre leurs quatre portes et leur malle arrière, ces voitures abritent sous leur capot un moteur six cylindres.
Face à l’insolent succès de la BMW Série 3, Mercedes réagit en dévoilant sa baby-benz, la 190 (code usine W201) en 1982. La marque souabe investit enfin le segment des berlines moyennes supérieures, profitant de son aura, qui lui permet d’afficher une filiation claire entre sa 190 et la Classe S W126. La clientèle est au rendez-vous avec près de 1,9 million de Mercedes 190 vendues en 11 ans. La Classe C (code usine W202) prend sa succession en 1993 avec un égal bonheur étant donné qu’elle s’écoule également à près de 1,9 million d’exemplaires mais en sept ans seulement. Pour la remplacer, Mercedes présente la nouvelle génération de Classe C (W203) en l’an 2000 qui se veut plus dynamique tout en conservant un lien de parenté fort avec les autres modèles de la gamme. Elle se vend également en 1,9 million d’unités en 7 ans : quelle constance dans le succès ! L’équipement augmente de génération en génération avec l’arrivée en option, puis en série, de l’ABS, de l’antipatinage ASR, de plusieurs airbags, du contrôle de stabilité ESP, et du système de navigation Comand.
Pour mieux affronter l’ennemi BMW, Mercedes décide de monter le moteur six cylindres 2,6 litres de la W124 dans la 190 en 1986. Cette version vise une clientèle bourgeoise et dynamique, qui recherche une voiture rapide, efficace, compacte et confortable, sans forcément vouloir une sportive. La 190E 2.6 se place idéalement entre la 190E 2.3 et la 190E 2.5-16, et totalise 5,5% de la production totale de la 190, un beau score pour une variante haut de gamme. À partir de 1989, une finition Sportline est proposée avec un volant de dimension réduite et des trains roulants sport, mais pas de boîte manuelle sport, avec une cinquième en prise directe, comme sur la 190E 2.5-16. La même année, la voiture reçoit obligatoirement un catalyseur qui abaisse la puissance à 160ch.
+ : comportement routier ; finition et qualité de fabrication ; silence de fonctionnement
– : lenteur de la commande de boîte manuelle ; diamètre du volant de série ; habitabilité réduite à l’arrière
La remplaçante de la 190, présentée au printemps 1993, se nomme Classe C pour s’aligner avec les nouvelles dénominations de la gamme Mercedes. Cette nouvelle voiture constitue une évolution plus qu’une révolution, où tout augmente : les dimensions, la cylindrée et la puissance du moteur, le poids et même la consommation. Par rapport à la 190E 2.6, la C280 pèse 220kg de plus. Ainsi, et malgré ses trente-trois chevaux supplémentaires, ses performances restent similaires à celles de sa devancière, les deux voitures affichant un rapport poids puissance respectif, de 7,2kg/ch pour la 190, et de 7,3kg/ch pour la C280. Notons aussi une coïncidence dans les chiffres de production étant donné que la C280, avec un moteur six cylindres en ligne, a représenté 5,5% de la production totale de la Classe C W202. La C280 étaient disponible en trois niveaux de finition : Classic, avec tous les équipements de base et de sécurité (ABS, airbags), Elegance, présentée de manière plus luxueuse, et Sport, se voulant la plus dynamique. En juin 1997, la C280 cède la place à une nouvelle version équipée d’un nouveau moteur V6 de même cylindrée développant 197ch.
+ : comportement routier ; finition et qualité de fabrication ; confort
– : commande de boîte manuelle peu agréable ; endurance du freinage ; habitabilité arrière limitée
En 2000, la Classe C de première génération est remplacée par la génération type W203. La nouvelle venue offre un dessin original avec ses doubles phares ronds en ellipse qui marque une rupture franche avec la W202. Les dimensions extérieures augmentent légèrement, tout comme le poids. Sur le plan mécanique, d’importants changements arrivent avec un nouveau moteur V6 3.2, évolution du V6 2.8 monté dans la W202, et repris des Classe E et Classe S. La C320 affiche une puissance supérieure de 25ch comparée à la C280, au bénéfice de performances de très haut niveau avec une vitesse maximale approchant les 250km/h, et une accélération de 0 à 100km/h en moins de huit secondes. Souvent critiqué pour l’agrément de ses commandes de boîtes manuelles, Mercedes décide de ne livrer la C320 qu’avec une boîte automatique à cinq rapports. Trois niveaux de finition sont proposés, similaires dans l’esprit à ceux existant sur la C280 : Classic, Elegance, et Avantgarde. Pour le millésime 2003, une version 4Matic avec transmission intégrale aux quatre roues s’ajoute au catalogue pour aller chasser sur le terrain des Audi A4 Quattro et des BMW Série 3 xi. Au début de l’année 2005, la C320 cède sa place à la C350 dotée d’un moteur V6 3.5 de 272ch, repris du coupé quatre portes CLS. Relativement aux modèles qui l’ont précédée, la C320 a connu un succès relatif moindre avec 93 284 exemplaires produits, toutes variantes confondues (berline, break et 4Matic), représentant une part de 5,1% dans la production de la Classe C W203.
+ : agrément moteur ; comportement routier ; confort
– : défauts de finition sur certains habillages
Données | 190E 2.6 (W201) 1987 | C280 (W202) 1995 | C320 (W203) 2002 |
Poids | 1200kg | 1420kg | 1490kg |
Empattement (cm) | 266,5 | 269 | 271,5 |
Longueur (cm) | 442 | 448,5 | 452,5 |
Largeur (cm) | 168 | 172 | 173 |
Hauteur (cm) | 139 | 141,5 | 143 |
Coffre (dm3) | 410 | 430 | 455 |
Réservoir carburant (l) | 55 | 62 | 62 |
Pneus | 185/65VR15 | 195/65VR15 | 205/55R16 |
Moteur | 6 cylindres en ligne | 6 cylindres en ligne | V6 à 90° |
Code | M103E26 | M104E28 | M112E32 |
Cylindrée | 2599cc | 2799cc | 3199cc |
Puissance | 166ch à 5800tr/mn | 193ch à 5500tr/mn | 218ch à 5700tr/mn |
Taux de compression | 9,2:1 | 10,0:1 | 10,0:1 |
Distribution | 1 ACT | 2 ACT 4 soup./cyl. | 2×1 ACT 3 soup./cyl. |
Alimentation | Injection Bosch KE-Jetronic | Injection multipoint électronique | Injection multipoint électronique |
Transmission | M5 ou A4 | M5 ou A4 | A5 |
Vitesse maxi | BVM 215km/h
BVA 210km/h |
BVM 230km/h
BVA 227km/h |
BVA 245km/h |
Accélération 0 à 100km/h | BVM 8,9 sec.
BVA 9,0 sec. |
BVM 8,8 sec.
BVA 8,5 sec. |
BVA 7,8 sec. |
Consommation moyenne normalisée | BVM 9,2l/100km
BVA 9,8l/100km |
BVM 10,6l/100km
BVA 10,3l/100km |
BVA 11,6l/100km |
Période de commercialisation | 1986-1993 | 1993-1997 | 2000-2005 |
Chiffre de production | 104 107 | 103 374 | 73 085 (berline) 9 673 (berline 4Matic) 8 495 (break) 2 031 (break 4Matic) |
Pour un budget d’achat et d’utilisation similaire, ces trois Mercedes s’offrent à vous. La 190E 2.6 commence à être une youngtimer recherchée, tandis que la C280 reste encore ignorée, et que la C320 appartient toujours au marché de l’occasion. Pour qui roule peu, ces trois autos sont des alternatives valables au quotidien, à condition bien sûr de choisir une voiture avec un historique connu et le plus complet possible. Ce sont des machines confortables, sûres et discrètes à la mécanique fort agréable, surtout accouplée à une boîte automatique, montée d’office sur la C320, mais en option sur les deux autres.
Parmi ces trois routières compactes dynamiques, ma préférence ira à la 190E 2.6 pour son côté mini Classe S et son caractère historique (la fameuse baby-benz), suivie par la C320, dotée de tous les équipements actuels y compris le GPS (système Comand) mais qui occasionneront sans doute plus de tracasseries avec l’âge. Loin de déméritée, la C280 sera mon dernier choix en raison d’une image plus terne. Mais ce pourrait être un choix de raison, la C280 constituant un bon compromis coûts, prestations, fiabilité, et modernité.
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