par Laurent Pennequin
Je vais vous présenter une version rare et peu connue de la Mercedes-Benz SL R107 : la 560 SL. Cette variante a été réservée aux marchés nord-américains, japonais et australien. Elle n’a donc pas été vendue en Europe.
La 560 SL est la dernière évolution de la série R107. Elle apparaît en septembre 1985 pour le millésime 1986 à l’occasion du face-lift du modèle. La version 107048, doux nom de la 560 SL, reçoit le moteur M117E56 de la série 126 mais avec un type particulier : 117967. Cette mécanique est bien sûr catalysée. Elle développe 230 ch (170 kW/227 ch US) aux États-Unis, au Canada et au Japon mais 238 ch (175 kW) en Australie. C’est moins que le V8 5,6 de la série W126 qui délivre 242 ch (178 kW) avec le catalyseur. La 560 SL n’est pas non plus la plus puissante des R107. Ce privilège est réservé à la 500 SL sans catalyseur vendue entre 1985 et 1989 et aux 245 ch (180 kW) de son moteur 117964.
Sur les marchés japonais et australien, la 560 SL dispose de la même présentation extérieure que la 500 SL européenne, becquet arrière noir inclus. Dans ses deux pays, on roule à gauche. Si la 560 SL australienne a son poste de conduite à droite, ce n’est pas le cas de la version japonaise qui se caractérise par son poste
Sur les marchés américain et canadien, la 560 SL doit répondre aux normes spécifiques de ses pays. Elle est donc équipée de doubles projecteurs ronds, de feux de position latéraux, orange à l’avant et rouge à l’arrière, et de clignotants avant de couleur orange placés sous la lame de pare-chocs. Elle perd le becquet arrière mais gagne un troisième feu stop central, obligatoire outre-Atlantique à partir du millésime 1986. Enfin, elle hérite des lourds pare-chocs à absorption d’énergie qui équipent la SL R107 en Amérique du Nord depuis le millésime 1974. Ils sont légèrement retouchés pour le face-lift ce qui permet de réduire la longueur de la version américaine à 4,58 m sur le 560 SL contre 4,63 m sur les 450 SL et 380 SL. À titre de comparaison, une SL R107 munie de ses pare-chocs européens mesure 4,39 m.
La 560 SL a été la troisième version de la R107 la plus produite avec 49 347 unités, derrière la 450 SL et ses 66 298 exemplaires et les 53 200 380 SL fabriquées. Nous remarquerons que ces trois versions sont celles qui ont été disponibles aux États-Unis. Ce marché a reçu 156 441 des 237 287 SL R107 produites soit 65,9%.
Un cinquième des SL R107 ont donc été des 560 SL. Ce modèle apparaît ainsi beaucoup moins rare. Voici les chiffres de production de cette version par année. Sur les 49 347 560 SL produites 46 263 ont été livrées aux États-Unis. L’Australie, le Canada et le Japon se sont donc répartis les 3 084 exemplaires restant.
Année | Production 560 SL |
1985 | 3 907 |
1986 | 13 788 |
1987 | 14 770 |
1988 | 11 531 |
1989 | 5 351 |
TOTAL | 49 347 |
Roadster 2 portes 2 places avec hard top – type 107.048
Carrosserie autoporteuse en acier avec cadres auxiliaires – capot avant en aluminium
Suspensions à quatre roues indépendantes par bras triangulés, ressorts hélicoïdaux – barre antiroulis AV et AR – dispositif anti cabrage AR
L 458 x l 179 x h 130 cm – empattement 245,5 cm – Poids 1680 kg
Moteur en alliage léger – code M117E56 – type 117.967KE – V8 à 90° 2×1 ACT entraînés par chaîne chaîne – soupapes avec poussoirs hydrauliques – vilebrequin à 5 paliers
5547cc 227 ch US SAE à 4750 tr/min – 380 Nm à 3250 tr/min – Compression 9:1 – Régime maxi 6000 tr/min
Injection Bosch K-Jetronic – Exigence en octane 91 sans plomb – Catalyseur – Radiateur d’huile
Huile 8 L ; Liquide de refroidissement 13 L ; Batterie 12 V 92 Ah ; Alternateur 980 W
Propulsion – boîte automatique à 4 rapports – différentiel autobloquant
Direction assistée à circuit de billes – Freinage : disques ventilés AV + AR ; assistance ; ABS
Réservoir de carburant : 85 L
Pneumatiques : 205/65 VR 15 – Jantes 7 J
Vitesse maximum 223 km/h – Accélération de 0 à 100km/h en 7,7 s
Consommation moyenne normalisée EPA : 15,3 l/100km
Équipement (tout millésime) :
Après vous avoir présenté cette version, je vais vous livrer le témoignage d’un propriétaire d’une Mercedes-Benz 560SL depuis trois ans. Cette voiture est sortie de l’usine de Sindelfingen le 7 mars 1989. Elle est livrée neuve à son premier propriétaire le 5 mai 1989 par le concessionnaire Mercedes-Benz de Manhattan à New York. Il s’en sépare le 29 octobre 1991 après avoir parcouru 30 836 miles.
À cette époque, une SL R107 n’est plus du tout à la mode. Les américains raffolent de la toute nouvelle SL R129. Bref, une R107 c’est devenu has been. Cette 560SL traîne alors ses guêtres sur les parcs de plusieurs concessionnaires automobiles de Floride et de Géorgie jusqu’en avril 1993. Elle trouve alors son second propriétaire qui la revend en juillet 1994 après avoir parcouru 8 000 miles. Son troisième propriétaire est un médecin de la ville de Rochester dans l’État de New-York près de la frontière canadienne et sur les bords du lac Ontario. Il conserve la voiture jusqu’en août 2009 en parcourant moins de 3 000 miles en 15 ans. Il ne l’utilise que pour de courts trajets pendant la période estivale. Tous les deux ans, le contrôle technique est passé avec succès et l’entretien est assuré par un garage spécialisé dans les voitures européennes haut de gamme.
La voiture est à nouveau stockée plusieurs mois par des concessionnaires. Elle connaît deux autres propriétaires qui l’utilisent pendant les étés 2010 et 2011 près de la côte new-yorkaise. Après quelques milliers de miles supplémentaires parcourus, la 560SL est alors exportée vers l’Allemagne le 26 février 2012 au départ de Miami.
Le professionnel allemand qui l’a acquise, entreprend plusieurs travaux : changement des freins, des pneus et des câbles dans le moteur ; vidange de tous les fluides ; remplacement du compresseur de climatisation et de la capote ; et enfin montage des phares et des pare-chocs européens en pièces d’origine Mercedes-Benz. La voiture reçoit sa carte grise allemande le 26 juillet 2012 et est mise en vente. Son propriétaire actuel l’acquiert le 27 novembre 2012 avec 46 674 miles au compteur et la ramène en France le 25 janvier 2013 par un temps neigeux. Voici le compte rendu de l’interview que nous avons réalisé avec lui.
Après un cabriolet moderne, l’envie d’une voiture ancienne est forte. J’en arrive très vite à la Mercedes-Benz SL. J’hésite alors entre la R107 et la R129. La R107 fait plus classique. Elle est aussi moins sophistiquée et donc plus fiable qu’une R129. Enfin, la SL R107 me rappelle de nombreuses séries et films américains des années 1980 (Pour l’Amour du risque, American Gigolo, Dallas…).
Mais il reste ensuite à choisir la version. Un 6 cylindres, c’est oublier que la voiture a été présentée avec un V8. Ce sera donc un V8 mais lequel. Le système d’injection électronique et problématique des premières 350 et 450 me les fait écarter. La rouille fréquente des modèles antérieurs à 1985 est un autre critère de sélection.
Il ne reste alors plus que les 420 ou 500 ou 560. Une 420SL, c’est quasiment introuvable. Seuls 2 148 exemplaires ont été fabriqués. Une belle 500 est aussi difficile à trouver (11 812 unités entre 1980 et 1989). Il reste alors la 560, plus nombreuses et plus abordables outre-Atlantique. Si les gros pare-chocs peuvent passer sur les photos, je peux vous dire que ce n’est pas du tout esthétique en vrai. L’écart entre le pare-chocs avant et la baie inférieure de calandre fait apparaître un trou que rien ne comble. Que reste-t-il alors : une 560 australienne, oui mais il y a le volant à droite ; eh bien une 560 japonaise mais ces deux versions sont rarissimes sans compter des difficultés d’importation qui seraient bien supérieures à celles d’une voiture en provenance d’outre-Atlantique.
L’idéal serait donc une 560 US européanisée. On en trouve en Allemagne. Ainsi Brabus Classic en propose mais à des prix dépassant les 70 000 EUR. Je trouve enfin plusieurs 560SL mises en vente par un professionnel localisé près de l’aéroport de Munich, KH-Handelsagentur. Je peux ainsi même choisir la couleur : blanche (code 147) avec intérieur cuir gris clair (code 278) ou bleu (code 904) avec intérieur fauve (code 274). Mon choix se porte sur la blanche. Ce professionnel est très sérieux. Je n’ai pas eu de problème avec la voiture depuis son achat.
Le moteur V8 d’une 560SL représente une combinaison exceptionnelle de force et de douceur. Il pousse sans que l’on ne s’aperçoive de rien si ce n’est que les véhicules qui suivent deviennent rapidement de plus en plus petits et ceux qui précèdent, rapidement de plus en plus gros.
Cette 560SL est une voiture de grand tourisme faite pour avaler les kilomètres sans broncher. Les trains roulants offrent une bonne tenue de route. La voiture reste aussi plutôt agile malgré son poids. Le freinage est très efficace avec un ABS présent en cas de nécessité.
Le point faible de la voiture provient de la direction. Je trouve qu’elle manque de précision. Ceci provient peut-être du fait que le boitier présente un léger jeu avec les années. Le grand volant est aussi quelque peu gênant à mon goût : pour s’installer dans la voiture comme pour la conduire.
La 560SL est un roadster qui n’est plus vraiment ni Sport, ni Léger. Il offre en contrepartie un confort excellent. La suspension filtre merveilleusement bien toutes les irrégularités de la route. Les sièges sont moelleux et fermes à la fois. Ils sont parfaits sur de longs trajets en préservant de toute fatigue.
L’insonorisation mécanique rend le moteur quasiment inaudible. Aucun bruit parasite ne vient perturber la quiétude à bord de cette auto. Jusqu’à 90km/h, les bruits d’air sont aussi remarquablement bien filtrés que la capote soit en place ou pas. Il faut se rappeler qu’une des limitations de vitesse en vigueur aux États-Unis est de 55mph soit 88km/h. Les ingénieurs de la marque à l’étoile ont donc bien travaillé pour soigner leurs clients américains.
Avec son hard-top, lourd, très lourd, la voiture offre le confort et le silence d’un coupé. La capote est à commande manuelle mais se manipule très aisément. Le coffre convient parfaitement pour un week-end ou des vacances à deux.
Les Mercedes-Benz des années 1980 sont probablement les plus fiables et aussi les mieux finies. Ceci s’illustre bien avec le poids de la 560SL : 1680kg à vide pour une voiture de deux places et mesurant 4,39m avec ses pare-chocs européens. Mais cela constitue la garantie d’une bonne fiabilité et durabilité de la voiture.
Après 27 ans, les seuls problèmes sont des petits détails électriques, qui n’existaient pas au moment de l’achat, tels que la répartition des flux d’air de la climatisation automatique ou la connectique de l’autoradio. Depuis que je possède cette voiture, j’ai remplacé tous les éléments caoutchoucs des trains avant, y compris les supports de moteur, et arrière. La voiture a ainsi gagné en confort et en précision de conduite.
Pour le reste, je vidange le moteur chaque année même si je ne parcours que 2 000 km en douze mois. Récemment, j’ai également changé tous les fluides (huile de boîte de vitesses, de pont, de direction assistée et les liquides de refroidissement et de frein). La consommation de la voiture s’établit entre 13 et 17 litres aux 100km. À ma grande surprise, j’ai découvert que le V8 d’une 560SL accepte le super sans plomb 95 E10. Cette possibilité est indiquée dans le manuel d’utilisation du véhicule.
Chaque parcours effectué au volant d’une telle voiture est un pur moment de plaisir. Je suis ravi de cet achat passion qui comble un rêve de gosse. Mais le plus grand bonheur est de pouvoir partager ce plaisir avec d’autres passionnés lors de rassemblements ou de sorties. Mon souhait est de conserver cette auto le plus longtemps possible.
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