Le lancement de la dernière Alfa Romeo Giulia sonne comme un retour aux sources pour la marque au Biscione. C’est une berline de la catégorie des moyennes supérieures avec des mécaniques dynamiques, une transmission aux roues arrière et un comportement routier de haut niveau. Sa finition laisse malgré tout un peu à désirer. Bref c’est une vraie Alfa !
À partir de ce dernier modèle, nous allons regarder dans le rétroviseur pour revenir sur l’histoire des berlines d’Alfa Romeo. Nous commençons donc un voyage dans le temps qui nous amènera de la Giulia à la Giulia.
En 1962, Alfa Romeo présente sa nouvelle berline : la Giulia. Cette voiture remplace la Giulietta qui avait été lancée en 1955. La Giulietta a permis à Alfa Romeo d’accéder à la production en grande série et ainsi d’accroître sa diffusion. La Giulia lui succède donc en conservant le caractère Alfa Romeo et en étant en phase avec son époque : les années 1960.
Justement, au cours de cette période, les Alfa Romeo et les BMW (les berlines Neue Klasse) étaient de farouches concurrentes avec leurs groupes de fans respectifs. L’Alfa Romeo Giulia et la BMW 1500-1800 partagent une philosophie commune. Elles veulent offrir le maximum d’agrément et de plaisir de conduite à leurs conducteurs tout en restant des voitures utilisables au quotidien. Ce sont donc des berlines de caractère voire sportives pour certaines versions, qui contrastent avec d’autres modèles d’orientation plus familiale ou routière.
La crise des années 1970 arrive. Tandis que BMW monte en gamme avec la Série 5 en 1972 et lance la Série 3 dans le segment des moyennes supérieures en 1975, Alfa Romeo replâtre encore et toujours sa Giulia qui commence à sérieusement vieillir. Imaginez si la BMW 1500 de 1961 figurait toujours au catalogue 1976 de BMW, qu’en auriez-vous pensé. Alfa Romeo ose même offrir une pitoyable version avec un moteur Perkins diesel de son modèle phare des années 1960 qui n’en finit plus de tirer la langue.
La relève arrive enfin en 1977 avec la Giulietta. Mais en creusant, cette nouvelle berline repose sur la plate-forme de l’Alfetta. Cette base est certes plutôt réussie mais elle date de 1972. L’essieu arrière De Dion reste une solution efficace mais plus complexe que les roues indépendantes à la fin des années 1970. Mais la plus grosse faiblesse face à la concurrence allemande se trouve dans une qualité de fabrication devenue très insuffisante. Fort heureusement les mécaniques restent pétillantes. En outre, la sinistre variante diesel que la Giulia a connue, n’est plus.
La carrière de la Giuletta dure huit longues années. Elle est remplacée en 1985 par l’Alfa 75. La ligne de la voiture plaît. Le moteur V6 Busso est disponible. Mais en creusant un peu, on retrouve la plate-forme de l’Alfetta et son essieu arrière De Dion et la cellule centrale de la Giulietta. L’Alfa 75 est donc un habile et profond restylage de la Giulietta.
Nous sommes désormais au début des années 1990. Mercedes-Benz s’est invité dans le segment des berlines moyennes supérieures de caractère avec la 190 lancée en 1982. BMW vient de lancer sa Série 3 E36. Aussi bien la 190 que la Série 3 disposent d’un essieu arrière multibras. BMW offre toujours des mécaniques réussies avec, désormais des culasses multisoupapes. Mercedes-Benz propose également un moteur à six cylindres sur sa 190.
Bon autant dire que l’Alfa 75 est une voiture au charme désuet. Elle conserve ses aficionados mais accuse le coup face à ses concurrentes.
Alfa Romeo remplace la 75 au début de l’année 1992 par la 155. Et là patatras ! Faisons un petit retour en arrière. Le groupe Fiat a racheté Alfa Romeo en 1987. Il souhaite alors en faire une division de voitures dynamiques et sportives. Dans le même temps, les moyens alloués à cette stratégie restent limités. Après un période de prospérité au cours des années 1980, le groupe Fiat connaît de sévères difficultés au début des années 1990. Les énormes investissements consentis pour la plate-forme inaugurée par la Fiat Tipo doivent être amortis. Ainsi, cette plate-forme est reprise par de nombreux autres modèles tout en ne laissant que peu de marges de manœuvre pour des adaptations.
Ainsi l’Alfa Romeo 155 reprend la plate-forme à traction avant de la Tipo. La base est saine mais a du mal à gérer les mécaniques de forte puissance. C’est pour cela que la version la plus pointue est dotée d’une transmission intégrale. Par ailleurs, le dessin de la voiture, créée par le bureau de style IDEA, a du mal à séduire. On retrouve les lignes de la feu-75, avec un avant plongeant, un arrière relevé et une ligne de rupture des flancs, mais de manière fortement accentuée.
Le renouveau arrive en 1997 avec le lancement de l’Alfa 156. La voiture est inédite. Elle inaugure une nouvelle plate-forme au sein du groupe Fiat. Elle a été dessinée en interne par Walter de Silva et ses équipes. Un break est disponible pour la première fois dans ce segment chez Alfa Romeo. Le succès revient mais les chiffres de vente restent très éloignés de la concurrente de toujours, la BMW Série 3. Ainsi, au cours de sa meilleure année, Alfa Romeo réussit à vendre 97 056 Alfa 156 sur le marché européen quand BMW y écoule 330 604 Série 3.
La 156 est remplacée par la 159 en 2005. Le style de la voiture est réussi mais l’auto ne fera pas la même carrière que sa devancière. Ce nouveau modèle est tout d’abord bien plus cher que son prédécesseur. Les mécaniques à essence déçoivent puisque ce ne sont plus des moteurs Alfa Romeo mais des moteurs General Motors. La voiture connaît des problèmes de fiabilité. Enfin, le marché est de moins en moins friand de berlines qui perdent du terrain face aux crossovers.
La situation est telle qu’Alfa Romeo abandonne la production de la 159 en 2011 sans lui donner de successeur. Le groupe Fiat reconstruit pour la nième fois une stratégie visant à faire d’Alfa Romeo une marque premium qui proposent des modèles dynamiques et sportifs. Mais cette fois-ci, des moyens conséquents sont mis sur la table. Le développement de la remplaçante de la 159 démarre alors. Le projet aboutit à la présentation de la nouvelle Giulia au mois de juin 2015. La voiture, entièrement nouvelle, se fait attendre. Elle écume les salons de l’auto, Francfort, Détroit puis Genève. Enfin, sa commercialisation démarre en juin 2016.
Après cette revue historique des modèles du cœur de la gamme Alfa Romeo, nous allons analyser quelques chiffres.
Tout d’abord, voici la production d’Alfa Romeo sur 50 ans entre 1966 et 2015. En 1966, la marque a produit 59 971 voitures. En 2015, sa production a été de 61 118 voitures.
Maintenant, nous allons comparer la production d’Alfa Romeo à celle de BMW. La marque au Biscione et la marque à l’hélice se sont tirées la bourre jusqu’en 1975. Alfa Romeo se met alors à stagner et même à régresser comme au début des années 1990 ou depuis 2001. De l’autre côté, BMW a réussi à multiplier sa production par 26 en cinquante ans. Je précise que ces chiffres n’incluent pas Mini.
Après ce constat, regardons quels ont été les chiffres de production par modèle du segment des moyennes supérieures chez Alfa Romeo. À l’exception des Giulia et 156, les résultats ont été plutôt médiocres avec toutefois, un accessit spécial pour l’Alfa 75.
Pour conclure après la froideur de ces chiffres, je confesse avoir une affection particulière pour les Alfa Romeo. Je n’en ai jamais possédé mais des souvenirs de famille se rattachent à cette marque.
Mon père avait acquis une Giulia 1300 Super neuve en 1968. C’était sa deuxième voiture. Ensuite mon grand-père a possédé un coupé Alfasud Sprint au début des années 1980. Enfin, un grand ami de la famille m’a fait goûter aux joies d’un voyage dans une Giulietta 1.6 de 1982. À l’époque, le tout jeune passionné de voitures que j’étais, était fasciné par le fait qu’un moteur de 1,6 litres pouvait développer 109 ch quand Peugeot ne sortait que 96 ch d’un moteur de 2,0 litres monté dans sa 505.
Alors la nouvelle Giulia, va-t-elle marcher ?
Je l’espère et vous qu’en pensez-vous ?
Par Laurent Pennequin, le 12 août 2016
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2 réponses
Oui moi aussi j’espère que cette marque vas enfin rebondir….. Que d’années perdue
Dans des politiques industrielles désastreuses, maintenant ils reviennent mais le monde est en pleine mutation avec l’électricité, donc c’est pas un peu tard ??
Il serait bénéfique pour cette marque d’inventer un nouvelle avenir tout en frappant fort avec de nouvelles technologies mariant plaisir de conduite et économie un peu comme la marque Tesla vous voyez ???’
Je pense qu’une motorisation hybride pourrait bien aller avec le caractère Alfa Romeo.